La France s'est figée jeudi midi en un hommage aux douze morts de l'attaque
contre Charlie Hebdo, alors que la police traquait deux suspects, des frères,
dont un jihadiste connu des services antiterroristes.
Les deux hommes ont été repérés près de Villers-Cotterêts (Aisne), où le Raid
et le GIGN, unités d'élite de la police et de la gendarmerie, ont été déployés.
Les enquêteurs ont retrouvé une dizaine de cocktails Molotov et deux drapeaux
jihadistes dans la voiture abandonnée à Paris mercredi par les auteurs.
"Cela démontre d'une part leur radicalisation islamiste, et qu'ils avaient
peut-être prévu d'autres actions avec ces cocktails", a expliqué une
source proche du dossier. Lors de leur fuite, les assaillants ont abandonné leur
véhicule, une Citroën C3, près du parc des Buttes-Chaumont dans le nord-est de
Paris, après avoir percuté une automobiliste.
Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans, nés à Paris et de nationalité française,
avaient été vus jeudi matin dans le secteur par le gérant d'une
station-essence, qui a "formellement reconnu" les deux hommes,
"cagoulés, avec kalachnikov et lance-roquettes apparentes".
La police avait diffusé dans la nuit les photos des deux fugitifs, suspectés
d'être les auteurs du pire attentat enregistré en France depuis plus de 50 ans.
Photos, diffusées le 8 janvier 2015 par la police à Paris, des suspects Cherif Kouachi (g) et son frère Saïd Kouachi (d), recherchés pour l'attentat contre Charlie Hebdo (Photo /afp.com)
A Nantes, un jeune homme pleure sur la place Royale: "Ils ont voulu tuer
Charlie Hebdo, mais ils l'ont rendu immortel", lâche-t-il, vêtu d'un
tee-shirt noir sur lequel il a peint en lettres blanches "Je suis
Charlie", le slogan qui a fait florès sur les réseaux sociaux.Tout le pays s'est
figé à midi pour une minute de silence dans le cadre du deuil national décérété
par François Hollande, qui a dénoncé une agression contre "la République
toute entière".
Partout, des passants se sont immobilisés, des employés se sont mis aux
fenêtres de leurs bureaux, feuilles "#JeSuisCharlie" à la main,
illustrant l'émotion qui a saisi le pays après l'attaque dans laquelle ont
notamment été tués certains des caricaturistes français les plus connus, comme
Wolinski ou Cabu, père du "Beauf" et du "grand Duduche".
- Marche républicaine -
Une minute de silence est observée sur la place du Capitole à Toulouse le 8 janvier 2015 (Photo Remy Gabalda/afp.com)
Une grande "marche républicaine" est prévue dimanche, à laquelle la
plupart des grandes fédérations musulmanes ont appelé à participer. Les
principaux "partis républicains" s'y préparaient jeudi, avec en toile
de fond la question d'une éventuelle intégration du FN au défilé au nom de
l'unité nationale.
Plusieurs lieux de culte musulmans ont par ailleurs été visés depuis l'attaque, sans faire de victimes, au Mans et à Port-la-Nouvelle (Aude), ainsi qu'un kebab près d'une mosquée à Villefranche-sur-Saône.L'atmosphère a été encore alourdie par une fusillade tôt jeudi en banlieue sud de Paris, sans lien apparent avec l'attaque, dans laquelle une policière municipale a été tuée.
Chérif Kouachi était connu comme jihadiste et avait été condamné en 2008 pour
participation à une filière d'envoi de combattants en Irak. Mais il avait purgé
sa peine et aucun élément ne présageait d'un passage à l'acte imminent, a
assuré le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. "Il n'y a pas de
risque zéro" face au risque d'attentat, a renchéri Manuel Valls.
Douze personnes, dont deux policiers, ont été tuées dans cette attaque à la
kalachnikov, du jamais vu en plein cœur de Paris. L'hebdomadaire satirique
faisait l'objet de menaces constantes, et d'une protection policière, depuis la
publication de caricatures de Mahomet en 2006. Ses locaux avaient d'ailleurs été
incendiés fin 2011.
Les enquêteurs sont notamment remontés aux suspects par des analyses génétiques
et une carte d'identité retrouvée dans la voiture abandonnée par les fuyards
dans leur fuite après l'attaque.
Un troisième homme recherché, Mourad Hamyd, beau-frère de Chérif Kouachi âgé de
18 ans, s'est rendu dans la soirée, au commissariat de Charleville-Mézières
(Ardennes).
Au total, sept personnes "dans l'entourage" des frères Kouachi ont
été placées en garde à vue, et des opérations de "perquisitions et de
vérifications" menées à Reims, Charleville-Mézières ou encore Pantin et
Gennevilliers en région parisienne.
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